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sionné. Dans l’idée que la faiblesse du poëte pour elle lui serait avantageuse, elle accepta les propositions que Sacchi voulut bien lui faire à l’instigation de Gozzi. Comme si le public de Venise eût deviné le tort que cet élément nouveau pouvait causer à la compagnie, il accueillit très-froidement cette actrice à son début. La pièce de l’Amoureuse tout de bon, composée exprès pour elle, se ressentit de la mauvaise volonté du parterre. Gozzi s’obstina ; il aima mieux changer de genre que d’abandonner sa favorite, et donna une traduction du Comte d’Essex et une autre de Gahrielle de Vergy. On avait eu de la peine à monter ces deux ouvrages, si contraires aux habitudes de la troupe. Peut-être l’exécution fut-elle manquée; le public demeura muet pour l’actrice et pour les deux ouvrages, qu’il fallut laisser de côté après six représentations. Le quatrième essai fut plus heureux. Gozzi, ayant étudié l’esprit et le caractère de son amie, trouva un rôle qu’elle pouvait jouer. La Princesse philosophe plut beaucoup au public,