Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/339

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 331 —

à moi ! ô Dio ! et enfin les confessions arrivaient peu à peu, et on avait eu des boisseaux d’amourettes ! Mais on protestait et on prouvait, clair comme la nuit, par des témoignages, par des lettres, que les galants étaient tous de bons partis, des époux presque assurés. Ah ! si on était restée un jour de plus dans telle ville, on serait une dame bien établie ! C’étaient de riches particuliers de Turin, qui est une ville noble, de Milan, une capitale ; tous avaient les intentions les plus honorables, mais tous étaient malheureusement obligés d’attendre la mort, qui d’un oncle, qui d’un père, qui d’une mère, qui d’une femme, le tout apoplectique, étique ou hydropique, ainsi cela ne pouvait tarder : « Tenez, lisez plutôt, » me disait-on. Je lisais fort placidement des expressions de tendresse, et je voyais des regards furtifs qui lisaient aussi dans mes yeux, pour y chercher de la jalousie… Qu’il est difficile pour un philosophe de vivre parmi de jeunes comédiennes ! Elles ont dans l’âme six livres écrits sur l’art d’aimer, sans compter celui d’Ovide.