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Aucune de nos jeunes actrices n’était laide, aucune sans dispositions pour son art. Elles s’y exerçaient en me priant de les secourir dans un moment de besoin, de leur donner des leçons, la veille d’un rôle créé. Avec leurs grands yeux, leurs airs patelins, caressants et coquets, elles obtenaient de moi ce qu’elles voulaient, preuve qu’elles jouaient bien la comédie. Et quand la troupe courait le pays dans la saison des pèlerinages ! bon Dieu ! quelle quantité de lettres ! Milan, Turin, Gênes, Parme, Mantoue, Bologne ! ahimé ! C’étaient des récits, des chagrins, des souvenirs, des demandes d’arbitrages, des tendresses. Les lettres exercent une comédienne.

» Celui qui s’imagine qu’on peut mener des actrices sans faire l’amour est dans l’erreur. On le fait ou on feint de le faire. Ces pauvres filles sont pétries de pâte d’amour. L’amour est leur premier guide aussitôt qu’elles peuvent s’aider à marcher en s’appuyant de la main. À six ans elles en parlent et le connaissent tant bien que mal. L’austérité de la com-