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amis. Nous discourions ensemble devant Saint-Marc par un jour fort serein. Je vois un Grec portant moustaches, vêtu de long, avec la barrette rouge, et tenant par la main un enfant habillé comme lui. Cet homme court à moi, tout joyeux, et veut m’embrasser : « Allons, petit, dit-il à l’enfant, baise la main à ton oncle Constantin. » Et Andrich crève de rire, tandis que je reste glacé d’horreur : « Quoi ! reprend le traître de Grec ; est-ce que vous ne seriez pas mon ami Constantin Zucalà ? » — Non, répondis-je tout en colère, je ne suis pas Constantin, je ne veux pas l’être ; je m’appelle Carlo Gozzi, et qui plus est, je n’embrasserai pas le petit. Il fallait pourtant éclaircir cet affreux mystère. Je vais chez un marchand grec, et je lui demande s’il connaît un homme nommé Constantin Zucalà. « Oui, signor, me répond ce marchand. Zucalà est un honnête négociant du quai des Esclavons, ici tout près. » — Eh bien, regardez-moi, trouvez-vous qu’il me ressemble ? — « Ah ! signor, vous voulez rire. Zucalà est haut