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tient avec un déluge de larmes que j’ai sauvé son fils de la prison. Il m’assomme de ses bénédictions et me poursuit jusqu’à ma porte en me disant que je suis le patricien Paruta, qui ne me ressemble en aucune façon.

« Qui ne connaît pas Michel dell’Agata, ce fameux imprésario de l’opéra de Venise ? Qui ne sait qu’il est moins haut que moi d’une palme et plus gros de deux palmes ; qu’il s’habille autrement que moi et jouit d’une autre physionomie ? Cependant, un beau jour et tout à coup, chanteurs, chanteuses, danseurs, figurants, peintres, machinistes, maîtres de chapelle et tailleurs, ne me rencontrent plus sans m’adresser leurs compliments et sans m’appeler le signor Michel dell’Agata, me regardant en face et s’indignant que Michel ne veuille plus être Michel. Je me sauve à Padoue. Je vais voir la bonne et sage danseuse Maria Ganzani, mon excellente amie, qui était près d’accoucher. La servante m’annonce : « Signora , voici le signor Michel dell’Agata qui demande à vous parler. » En sortant de