Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/320

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 312 —

qui ne fût un homme à chapitrer vivement pour l’empêcher d’agir sans cesse d’une façon diamétralement opposée soit aux convenances du monde, soit à ses véritables intérêts.

Sans aucun doute, le parterre français rirait quand Turandot se lèverait pour réciter ses énigmes avec le tuono academico, et cependant le mouvement du voile rejeté en arrière, et qui déconcerte Calaf, est éminemment dramatique ; et Hoffmann, en parlant de cette scène, dit qu’il ne l’a jamais vu représenter par une jolie actrice sans s’écrier avec enthousiasme, comme le désespéré Calaf : « Ô bellezza ! ô splendor ! » Je souhaite aux gens qui appelleront Hoffmann un enfant l’intelligence et le goût de l’auteur du Pot d’or. Combien les auteurs comiques français devraient envier à Gozzi la liberté dont il jouissait et la parfaite latitude que lui laissaient les Vénitiens ! Quelle aisance ! quelle variété d’invention ! quel laisser-aller entre le public et lui ! D’une part, on ne vient que pour s’amuser ; de l’autre on ne cherche qu’à trouver toutes sortes de moyens