Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/319

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 311 —

grands airs d’une petite fille orgueilleuse mériteraient une bonne correction, et non pas l’honneur de fournir matière à une comédie héroïque. Le reproche ne manquerait pas absolument de vérité ; mais combien y a-t-il dans les vieux sujets tirés de l’antiquité de fables invraisemblables et un peu puériles ? Elles sont consacrées et viennent de la Grèce, au lieu de venir des Arabes. Euripide et Sophocle leur ont fait des vêtements divins ; mais ajoutez à la froide raison et au prosaïsme impassible du spectateur haï d’Hoffmann une ignorance complète des traditions antiques, supprimez ce que l’éducation a enfoncé à grands coups de marteau dans cette tête dure, et soumettez Racine et Corneille à son rare jugement. Vous verrez Mithridate amoureux à soixante ans d’une jeune fille devenir un vieux fou ; Bajazet un garçon trop léger qui écrit des billets compromettants ; Bérénice une femme importune que le roi est trop bon de ne pas faire mettre à la Bastille. Quant aux personnages de Corneille, il n’y en aurait pas un