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c’était pour mieux me venger eu le faisant passer plus cruellement du plaisir à la peine. Écoutez-moi tous : Calaf, fils de Timur, je te connais. Sors de ce palais ; cherche ailleurs une autre femme, et apprends jusqu’où va la pénétration de Turandot. » À ces mots, la désolation est générale. Calaf reste sans mouvement. L’empereur pleure ; Pantalon s’arrache les cheveux, et Tartaglia bégaye trois fois plus qu’auparavant. Enfin Calaf, dans le transport de sa douleur, tire son poignard et s’avance jusqu’aux marches du trône : « Tiranna, dit-il à sa maîtresse, ton triomphe est encore incomplet ; mais je vais te satisfaire. Ce Calaf que tu connais, et que tu détestes, va mourir à tes pieds. » Le cœur de la superbe Turandot s’amollit enfin ; elle s’élance au bas du trône, et retient le bras du jeune prince prêt à se frapper, en lui disant avec tendresse :

Viver devi per me ; tu m’hai vinta.

« Tu dois vivre pour moi ; je suis vaincue. » L’empereur et le divan se remettent bien vite