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ces mouvements à la vertu de la mandragore. Il imagine d’interpréter chaque geste par une lettre de l’alphabet, et compose ainsi un nom ridicule qu’il court bien vite porter à sa maîtresse.

Après la sortie de Truffaldin, Adelma paraît. Elle réveille Calaf et lui déclare son amour avec une délicatesse mêlée de passion que Gozzi pouvait mieux exprimer qu’un autre, étant plus habitué à recevoir des déclarations d’amour qu’à en faire. Son séjour en Dalmatie l’avait exercé à traiter une scène de ce genre. La défiance de Calaf s’endort ; il compatit à la faiblesse d’Adelma : « Vous êtes perdu, lui dit la perfide créature ; Turandot a ordonné votre mort, et demain, au point du jour, vous serez assassiné. » À ces mots, le prince, au désespoir d’avoir inspiré tant de haine à sa maîtresse, s’écrie : « Ô malheureux Calaf ! ô Timur, mon père ! voilà le dernier coup de la fortune ! » En vain Adelma offre au pauvre amoureux de fuir avec elle. Il n’a plus la force de vouloir sauver sa vie.