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cesse par force ; mais le bon Altoun-Kan déclare qu’il faudra bien qu’on se marie, et il engage même sa fille à prendre ce parti sans aller plus loin : « Sposa sua fia la morte ! répond Turandot : que son épouse soit la mort ! » Elle se lève et, d’une voix plus forte qu’auparavant, débite la troisième et dernière énigme :

« Dis-moi quelle est la terrible bête féroce, à quatre pieds et ailée, bonne pour qui l’aime, et altière avec ses ennemis ; qui a fait trembler le monde, et qui vit encore orgueilleuse et triomphante ? Ses flancs robustes reposent solidement sur la mer inconstante ; de là, elle embrasse avec sa poitrine et ses serres cruelles un immense espace. Les ailes de ce nouveau phénix ne se lassent jamais de couvrir de leur ombre heureuse la terre et les mers. »

Après avoir prononcé le dernier vers, Turandot soulève le voile qui cachait son visage et fixe ses yeux sur Calaf. Ce coup de théâtre réussit. Le pauvre prince, étourdi par la beauté de l’artificieuse jeune fille, reste confondu et sans voix. Profitons du moment de trouble de