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termes du traité ; on est libre de n’en point courir les risques. L’orgueilleuse jeune fille espère que ces conditions effrayantes écarteront les amoureux. Cependant plusieurs princes ont déjà péri, et ce matin même on va décapiter le fils du roi de Samarcande, qui n’a pas pu deviner les énigmes.

En effet, une marche funèbre résonne au loin. Le bourreau dépose sur la porte de la ville la tête du malheureux prince : « Si j’étais le père de cette fille barbare, s’écrie Calaf indigné, je la ferais mourir dans les flammes. » Aussitôt arrive le gouverneur du jeune homme décapité ; il jette par terre le fatal portrait de Turandot, le foule aux pieds, et sort en pleurant. Calaf ramasse le portrait. Les bonnes gens chez qui il loge le supplient de ne pas regarder cette peinture dangereuse ; mais il se moque de leur frayeur. Il regarde le portrait et tombe dans une rêverie profonde, frappé au cœur subitement. Il parle à l’image de Turandot, et lui demande s’il est vrai qu’un visage si, beau cache une âme cruelle : puis il s’é-