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comédies da ridere, et Goldoni donna le Bourru bienfaisant ! On ne se plaignit pas de la surprise. Pendant ce temps-là Gozzi héritait non-seulement de la vogue de ses rivaux, mais même de leur théâtre, car la troupe de Sacchi passa de San-Samuel à San-Salvatore. En employant un terme consacré dans les arts, on peut dire qu’à cette époque finit la première manière de Charles Gozzi. Il y aurait tout un parallèle à faire entre la guerre des deux écoles vénitiennes et celle à laquelle notre génération a pris part en 1829. Comme en France, on reprochait à l’une des écoles de Venise l’ennui et la froideur, à l’autre le mépris des règles. Gozzi a eu gain de cause, mais plus tard on le négligea complètement. Les ouvrages dits classiques furent repris, ce qui a amené la décadence irrémédiable de la comédie italienne en lui ôtant son génie national.

La victoire de Gozzi aurait pu être définitive, s’il n’avait pas eu lui-même quelques-uns des défauts de ses antagonistes. Son style n’était