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mais Clarice assure que les vers martelliens et l’opium sont une seule et même drogue. L’oracle déclare que le prince ne sera guéri que si on vient à bout de le faire rire. Hélas ! comment faire rire un pauvre enfant qu’on a tant ennuyé pendant si longtemps ? Truffaldin prend les tasses, les potions noires, les fioles empoisonnées de la médecine nouvelle, et jette le tout par la fenêtre. « Amusons le prince, dit-il, soyons gais, jouons-lui quelque farce italienne. Majesté, donnez une fête à votre fils. » On ouvre les portes au peuple ; les bonnes gens entrent dans le palais. On boit, on fait de la musique ; le prince n’en est que plus sombre. On se masque, on danse ; le prince ne se déride pas. La fée Morgane, déguisée en vieille femme, s’approche, une cruche à la main, d’une fontaine qui verse du vin. Truffaldin l’attaque, se moque d’elle, fait des gambades en disant mille lazzis qui irritent la vieille. Elle veut le battre, il la pousse ; elle tombe sur le dos, les jambes en l’air, au milieu des débris de sa cruche cassée. Le prince