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bourreaux de ce bon esprit italien que j’aime en le plaignant. Ses rapines, ses plagiats et ses imitations, tout blâmables qu’ils sont, révèlent un génie comique mal employé. Mais Chiari, ce pédant sentencieux plus obscur qu’un astrologue, qui délaye les pièces françaises en les assaisonnant d’immoralités ! l’appeler le réformateur du théâtre, c’est comme si on disait, en voyant répandre du vin et remplir les bouteilles avec l’eau des lagunes : Voici une cave heureusement réformée. Les potions goldoniennes et chiaristes ont endormi la jeunesse spirituelle de Venise ; le sommeil vous gagne ; vous étendez vos membres engourdis, et dans votre somnolence vous murmurez en baillant : « Il me semble que la comédie est devenue régulière. » Il n’y a rien au contraire de plus irrégulier pour des Italiens qu’un genre antinational, mêlé de trivialités et de barbarismes. Laissons passer quelque temps, et ensuite c’est à nous qu’il appartiendra d’appliquer au public les sinapismes qui secourront sa léthargie.