Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/271

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 263 —

et l’étudiant tremblants et stupéfaits. Le négociant, changé en Roland furieux, voulait tuer la coupable ; elle tombe à genoux devant l’épée menaçante, et fait une confession générale aussi belle que celle du Scapin de Molière : elle avoue que, depuis longtemps, elle ouvrait la lucarne pour le voisin ; que, de plus, elle recevait des visites de plusieurs autres signori dans le vestibule de la maison, et qu’elle donnait ainsi l’hospitalité à une demi-douzaine de garçons, de peur que l’air de la rue ne les enrhumât ; mais elle ajoute qu’elle en est bien honteuse et qu’elle ne le fera plus, et on lui pardonne.

Cette aventure avait laissé dans l’âme de Gozzi une impression pénible. Les trois années de son service à Zara expiraient dans trois jours, et il était libre ou de servir encore ou de retourner à Venise. Il prit ce dernier parti, afin d’échapper au souvenir fâcheux de ses relations avec la Messaline de treize ans. Arrivé à Venise, Gozzi court tout palpitant à la maison paternelle. C’était un grand palais