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La seconde aventure, moins édifiante que la première, ressemble tout à fait à un conte de Boccace. Charles Gozzi était lié d’une étroite amitié avec un jeune officier appelé Massimo. Afin de voir plus souvent son ami, il va demeurer avec lui chez un négociant, auquel il paye pension pour le logement et la table. Ce négociant, n’ayant pas d’enfants, avait adopté une pauvre fillette, blonde, frêle, et d’une figure pudique, comme un ange de lumière ; elle n’avait que treize ans ; mais treize ans de Zara en valent seize de Venise et vingt de France. Le bonhomme paraissait aimer tendrement sa fille d’âme. Gozzi s’intéressait à la belle fanciulla ; il admirait sa douceur, et lui donnait des conseils paternels qu’elle écoutait en baissant modestement les yeux. Un soir qu’il jouait le rôle de Lucie chez le provéditeur, Gozzi se faisait coiffer par la jeune fille. Elle badinait et riait de son accoutrement de femme : tout à coup elle le saisit par les cheveux et lui applique de gros baisers sur les joues. Le philosophe la gronde doucement de cette liberté