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peu jalouse, pour qui toute partie de plaisir est insipide quand les femmes n’en sont pas.

Après avoir parcouru un pays éteint, nous eûmes un grand plaisir à nous retrouver dans une capitale riche et animée. Palerme est la tête de la Sicile. C’est là que se retirent l’âme et la force de l’île entière. La ville est une des plus séduisantes du monde. Deux grandes rues qui se croisent à angle droit la partagent en quatre triangles égaux, ce qui permet à l’étranger d’y reconnaître aisément son chemin, sans causer pourtant une régularité fastidieuse. L’une de ces rues porte le nom de Tolède, et il faut que Tolède soit une ville bien splendide pour que les Espagnols aient donné partout son nom aux belles rues. Le Tolède de Palerme n’est pas aussi bruyant que celui de Naples, qui est le lieu le plus tumultueux de la terre ; mais il n’en est que plus agréable. On y circule à l’abri sous de larges auvents garnis de festons que l’air agite gaiement. On s’y croirait dans l’ancienne Bagdad du calife Haaroun, avec cette différence que