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cond, c’était un mal chronique dont Venise ne pouvait plus guérir.

On ne doit pas s’étonner si le portrait du comte Gozzi n’est pas flatté, puisqu’il a été tracé par ses ennemis dans les prologues de leurs comédies : « Voyez-vous là-bas un homme qui se chauffe au soleil sur la place de Saint-Moïse ? Il est grand, maigre, pâle, et un peu voûté. Il marche lentement, les mains derrière le dos, en comptant les dalles d’un air sombre. Partout on babille à Venise, lui seul ne dit rien ; c’est un signor comte encore plus triste du plaisir des autres que de ses procès. Oh ! que cela est généreux de languir parce que nous savons divertir la foule qui honore tous les soirs notre théâtre ! » — « Oui, répondit Gozzi, je me promène dans les coins solitaires. Je ne cours pas, comme vous autres, dans tous les cafés de la place Saint-Marc pour mendier des applaudissements et démontrer aux garçons limonadiers l’excellence de mes systèmes. Il faut bien aller au spectacle le soir, et comme vous avez empoisonné la scène