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chassa de nouveau ses concurrents, et cette fois il traita Anzelina avec le dernier mépris, en la menaçant de la faire disparaître de la surface du globe. Les tuteurs furent jetés à la porte ; le conseil se dispersa ; l’amoureux en titre, le bon Luigi, prit la fuite, et la pauvre Zanze, éperdue et abandonnée, se serait précipitée dans la lagune pour se noyer, si elle eût conservé quelques restes de son ancien orgueil. Elle se serait volontiers offerte, corps et biens, au petit capitaine ; mais, pour comble de dégradation, ce jeune homme lui tourna le dos, en disant qu’on ne devait rien attendre de bon d’une fille ingrate et menteuse, et qu’il la laissait à qui voudrait s’emparer d’elle. Zanze en était à ce dernier degré du malheur, lorsqu’un fort grand seigneur allemand lui tendit la main et voulut bien l’épouser. Aujourd’hui le grand seigneur allemand traite sa femme avec une bonté toute paternelle ; mais son calme et sa raison, son caractère froid et sérieux, s’accordent mal avec l’humeur capricieuse et passionnée d’une Vé-