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une vie molle et indolente. Elle ne s’occupait que de bagatelles, fréquentait le théâtre des Arlequins, se livrait à la gourmandise, et perdait dans les excès et les veilles sa fraîcheur, sa grâce et sa noblesse d’âme. Elle acheva de s’avilir en se conduisant d’une manière maladroite et perfide envers plusieurs personnes à la fois.

Un petit capitaine français, qui ne faisait pas encore grande figure, eut une altercation terrible avec des Anglais, des Russes, des Italiens et des Allemands. Anzelina, lui voyant tant d’ennemis à la fois, pensa qu’il serait obligé de déguerpir, et se moqua de lui outrageusement. Cependant le petit capitaine déploya tant de vigueur, qu’il chassa tous ces importuns et resta maître du terrain. Alors Anzelina lui fit des avances qu’il reçut avec une froideur dédaigneuse. Les rivaux revinrent à la charge, et la rusée Vénitienne s’imagina cette fois que le jeune Français allait être au moins assommé. Elle le sacrifia, l’insulta ouvertement, et se prononça pour ses ennemis. Le petit capitaine