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le cercle qui les renferme et rappeler sur leur pays oublié l’attention dont il est digne, s’isolent et se nuisent réciproquement. Notre premier soin, en arrivant à Palerme, fut de porter à son adresse une lettre d’introduction auprès d’un jeune écrivain de mérite, M. Linarès, qui a publié en 1842 un petit recueil de légendes siciliennes. La première édition de ces nouvelles avait été épuisée en peu de jours ; elles sont écrites avec grâce, et n’ont d’autre défaut que le manque de sobriété, qui est un travers inhérent à la nature italienne, et dont l’organisation plus forte du Sicilien aurait dû préserver l’auteur. Un jour que M. Linarès avait laissé sa carte de visite à notre hôtel, le patron d’auberge, don Fernando, espèce de cyclope, nous dit en apportant cette carte :

— En voici un qui a été bien persécuté depuis un an qu’il a écrit son ouvrage. Tout le monde lui a fait la guerre, et je ne m’étonnerais pas qu’il fût obligé de quitter le pays.

— Comment ! demandai-je à don Fernando, il a donc attaqué les gens dans son ouvrage ?