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nèrent un amant. Don Pietro a été le premier de ces séducteurs imposés, et depuis ce moment la pauvre Anzelina ne recouvra jamais sa liberté entière. Elle pleura, se révolta, demanda du secours à ses voisins et à ses serviteurs ; il y eut deux tentatives pour la délivrer ; mais son amant eut la lâcheté de se joindre contre elle aux oppresseurs. Don Pietro laissa cette affaire entre les mains d’un conseil de dix personnes, auxquelles il abandonnait une influence et une autorité qu’il devait naturellement garder. Ses successeurs en furent punis ; car, lorsque ce conseil de dix personnes eut bien veillé sur cette belle pupille et qu’il l’eut préservée de plusieurs enlèvements, il ne voulut plus se dissoudre et demeura en permanence, comme un tribunal secret et jaloux, menaçant toujours la pauvre Zanze, écoutant les dénonciations les plus obscures, recueillant les lettres anonymes, chassant de la maison ceux qu’elle aimait, et empoisonnant ses meilleurs plaisirs par une tyrannie insupportable.

Les tuteurs favorisaient volontiers des vieil-