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seize ans lorsqu’il fit la conquête de la plus belle fille du monde. Il lui créa un patrimoine, prit le soin de ses affaires, et mourut à cent ans, la laissant riche et honorée.

Les belles femmes, et les Vénitiennes en particulier, se croient tout permis. Anzelina devint arrogante. Un certain Jacomo, qu’elle paraissait aimer, eut beaucoup à souffrir pour elle. Il la protégea en plusieurs circonstances difficiles, et il aurait remué le ciel et la terre pour obtenir un sourire de sa souveraine. Un beau jour il se lassa de n’être pas payé de retour comme il le souhaitait, et il abandonna cette maîtresse fantasque, qui ne s’en affligea point et lui donna aussitôt un successeur. Un conseil d’amis et de parents se servit de ces caprices, comme d’un prétexte spécieux, pour enfermer Anzelina dans un cercle de gens de qualité qui s’entendirent entre eux pour la diriger à leur guise. On lui persuada qu’elle ne savait pas se conduire elle-même, et qu’elle devait s’en rapporter à ses supérieurs. Des cabales organisées régulièrement lui don-