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loin dans mon humble condition ; voici toujours le peu que j’en ai appris. Parmi les cinquante amoureux d’Anzelina, on assure qu’il y en eut neuf qu’elle chassa impitoyablement après les avoir d’abord écoutés avec faveur, cinq qui moururent de chagrin de lui avoir déplu, et cinq qui renoncèrent volontairement à leurs prétentions sur un cœur aussi fier. Dans le nombre étaient des hommes de mérite, et surtout un nommé Vitale, qui se fit soldat pour lui plaire, et qui devint la terreur des Grecs. Le premier amant heureux a été un certain Sébastien, dont les richesses et le crédit éblouirent cette tête folle. Il lui donna des présents, distribua de l’argent aux amis et aux serviteurs, si bien que Zanze, circonvenue de tous côtés, perdit cette fleur de sagesse qui la rendait si glorieuse. Après Sébastien, elle eut pour amant un certain Maître Pierre, homme du commun devenu grand seigneur ; et puis elle laissa celui-ci pour don Henrico, vieillard d’une énergie extraordinaire. Ce don Henrico était aveugle et âgé de quatre-vingt-