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est connu. Les premiers étaient gens du peuple, mais braves, honnêtes et dignes d’elle ; ceux-là ont été souvent malheureux et maltraités en dépit de leur dévouement, car la jeune vierge était d’un caractère bizarre comme toutes les Vénitiennes. Les suivants, grands seigneurs puissants, fameux politiques ou bons militaires, étaient des amants en titre et des maîtres despotes qui l’ont domptée en lui faisant un sort brillant aux dépens de sa vertu. Les derniers sortaient d’une coterie de gens riches et nobles qui se la passaient de main en main, et qui employaient toutes sortes de ruses pour lui faire croire que leurs volontés étaient les siennes. Enfin le mariage est arrivé, mais un mariage forcé qui la rend si triste que ce n’est plus la même personne.

Quoique les gondoliers m’aient donné le nom de docteur, il y a dans Venise bien d’autres docteurs plus savants que moi, qui pourraient vous dire, sans rien oublier, l’histoire complète des amours et du mariage de cette belle fille. Je n’ai vu toutes ces choses que de