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de pierre, et il commença ainsi cette histoire devenue populaire à Venise.

— Votre Seigneurie doit savoir que la plupart de nos filles du peuple s’appellent Zanze, c’est-à-dire Anzelina. Celle dont il s’agit était la plus belle de toutes. On peut voir son portrait au grand salon du palais ducal dans la figure qui représente Venise personnifiée, avec des cheveux d’un blond de feu et une robe de soie magnifique. Nous autres barcarols, nous ne savons pas si elle eut père et mère ; nous nous amusons à dire qu’elle est enfant de l’Adriatique. Les étrangers de tous pays s’accordent à l’appeler une enchanteresse. Autrefois elle était enjouée, rieuse, folle des plaisirs, des cérémonies, des fêtes et des régates. Moi, qui suis vieux, je l’ai vue ainsi ; mais à présent elle est si changée qu’on ne la reconnaît plus. Ce qui a perdu la pauvre Zanze, c’est d’avoir été capricieuse, infidèle, trop avide d’argent ; d’avoir prodigué ses faveurs et manqué de foi à ses amis.

Zanze a eu cent trente-deux amoureux ; cela