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gnais pas l’isolement, je laissais M. V… à ses affaires et j’allais aux miennes.

Un jour que je revenais de Saint-Roch par le canal étroit qu’on appelle le Rio Saint-Moïse, je me tenais debout dans la gondole, afin de mieux jouir de là procession de sujets d’aquarelles qui défilait devant moi à chaque coup de rame. C’était le moment du riposo ; on n’entendait que le cri monotone par lequel les barcarols s’avertissent aux détours des canaux. Mon conducteur était un fort beau garçon de dix-huit ans, coiffé du bonnet noir des nicolotti, et habillé d’une veste jaune à ramages, taillée dans quelque vieux rideau.

Sior, me dit-il avec la prononciation efféminée de Venise, la conosse la storia di Zanze ?

— Qu’est-ce l’histoire de Zanze ? répondis-je.

— Zanze ! reprit le garçon en soupirant, bella storia ; la domandi al dottor B…

— Qui est ce docteur B… ?

Xe un dottor inzegnoso. Farà piascre a lei.

— Et où pourrai-je trouver ce docteur ingénieux qui me fera plaisir ?