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lu le quatrième chant de Child-Harold, les Lettres d’un voyageur, le Roméo de Shakspeare et toutes sortes de romans vénitiens ; cependant ni livres, ni poëmes, ni tableaux ne m’en avaient donné une idée juste. L’imagination la plus ingénieuse peut être mise au défi, jamais elle ne saura se figurer une Venise. Allez-y donc et regardez ce pays des merveilles avec vos propres yeux, circulez en gondole dans ces canaux, promenez-vous à pied sur ces quatre cents ponts qui réunissent plus de soixante îles, égarez-vous au milieu de ce bal masqué perpétuel des habitants, cherchez à suivre quelque rusée Vénitienne qui vous échappera comme une ombre au bout de trente pas ; ayez des aventures romanesques, cela vaudra mieux que d’en lire. On ne peut raisonnablement parler de Venise qu’à ceux qui l’ont vue, qui soupirent en y songeant, et qui en aiment jusqu’aux plus légers souvenirs.

Le gouvernement autrichien fait de louables efforts pour ranimer et embellir Venise. Les palais tombent en ruines, mais on les