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signes d’émotion. Mon compagnon, M. V…, n’avait compris le récit qu’à moitié ; quand je l’eus mis au fait de la situation, il se tourna vers l’homme aux yeux perçants et lui dit avec sang-froid :

— Eh bien : après ?

— Si vos seigneuries, reprit le narrateur, ont séjourné à Arezzo, elles ont pu remarquer qu’on n’y ment jamais, tandis que le reste de l’Italie est plein d’imposteurs. Mon ami Joseph Bimbo vous dira que j’aime trop passionnément la vérité pour ajouter à cette histoire un seul mot de mon invention. Les gens que le hasard ou la curiosité avaient amenés dans le café devinèrent tout de suite, aux regards des deux rivaux, que la querelle irait loin, et les plus braves auraient bien donné quelques paoli pour être transportés subitement chez eux. Ils restèrent immobiles attendant l’événement. Matteo rompit bientôt cet horrible silence.

— Don Andronico, dit-il, je vous ai laissé jusqu’à présent faire la cour à ma maltresse sans vous gêner, et vous avez dû me trouver