Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 190 —

que don Matteo reçoive des nouvelles de son pays.

Au lieu de suivre ce conseil raisonnable, Andronic sortit furieux d’avoir été prévenu ; il trembla que son rival ne réussît le premier, et à force de se monter la tête il conçut le projet de forcer Matteo à lui céder la place. De son côté, l’Arétin fut transporté de colère en apprenant qu’Andronic voulait le supplanter. Il jura devant témoins qu’il saurait bien se débarrasser de son concurrent. Le bruit se répandit aussitôt dans la ville que ces deux ennemis se cherchaient, et on s’attendit à une catastrophe. En effet, ils se rencontrèrent dans ce café même, à l’heure de l’Angélus. Matteo s’assit à cette place où je suis, et Andronic se mit en face de lui, à cette table que vous voyez. Il se regardèrent un moment sans parler, et je vous assure que les assistants étaient pâles d’effroi.

Ici le narrateur s’interrompit et fixa sur nous ses yeux d’une vivacité singulière pour recueillir sur les visages de l’auditoire quelques