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ralise éclata de rire, et le curé se mit dans une colère épouvantable.

— Ne vous fâchez pas, mon oncle, dit la jeune fille ; il est fort heureux que cette planche se soit rompue aujourd’hui, car demain vous auriez pu la rompre vous-même et vous blesser en tombant.

La servante apporta des chaises ; Matteo, tout confus de sa maladresse, ne savait plus que dire. Il s’embrouillait dans ses phrases et regardait Fioralise avec des yeux suppliants. Pendant ce temps-là, le curé, toujours grondant, s’évertuait à déraciner un petit oranger mort ; il creusait la terre et secouait l’arbre sans pouvoir seulement le faire pencher. Matteo arracha l’oranger comme si c’eût été une asperge, et le bon vieillard, content d’épargner une demi-journée de travail, oublia sa planche brisée. On parla de choses indifférentes ; mais le curé, occupé à son jardinage, ne voyait pas la pantomime de Matteo, qui exprimait tout ce que sa bouche n’osait dire. Fioralise riait et se moquait tantôt de l’amoureux et tantôt de son