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aussi, ne saurait avoir la même prétention.

— Ce que je vois de plus clair, répondis-je, c’est que chacun, en Italie, élève sa ville natale bien au-dessus des autres. Mais poursuivez, je vous en prie.

— L’an passé, reprit l’étudiant, il y avait ici deux jeunes gens qui suivaient les cours de l’Université ; l’un était Arétin, et l’autre des environs de Pise. C’étaient de véritables Étrusques de corps et d’esprit ; tous deux de stature colossale, doués d’une force physique presque fabuleuse, et beaux comme des gladiateurs, si ce n’est que l’un avait les jambes un peu longues et l’autre les épaules trop carrées. Andronico le Pisan soulevait un banc de pierre sur son dos, et l’emportait, comme Samson la porte de sa prison ; Matteo l’Arétin brisait un écu pisis entre ses doigts comme une coquille de noix. Vos seigneuries me croiront si elles veulent : voici mon ami Giuseppe Bimbo qui leur dira si je suis un menteur. Il a vu aussi bien que moi le terrible Andronic renverser un buffle en le prenant par les cornes,