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simple œillet qui vous tombe des nues, assaisonné par l’air gracieux et sympathique de celle qui vous le présente.

Pour user du droit imprescriptible des voyageurs de décréter que les choses sont toujours telles qu’ils ont cru les voir, je déclare que toutes les Florentines ont dix-huit ans, les yeux fort doux, les coins de la bouche relevés, les dents belles, la taille mince et élégante. Leurs grands chapeaux de paille ronds, qui se balancent par l’effet de la marche et dont les rubans flottent sur les épaules, leurs bras nus, l’éventail dans leur main droite et le bouquet dans la gauche, leur accent vif, leur parler guttural et leurs mines peu farouches, quoique décentes, composent un ensemble piquant, dont les esprits romanesques sont frappés et que les hommes les plus positifs savent apprécier. Sur la place d’Espagne, celui qui aborderait une majestueuse Romaine et lui dirait en riant qu’il la trouve belle s’exposerait à se faire arracher les yeux. Sur la place du Carrousel, le mauvais sujet qui man-