Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 134 —

de rires, et si j’avais pu me faire passer pour Allemand, je n’aurais pas manqué de me présenter au cercle des Ponte-Molle.

À notre sortie de Rome, nous composions une joyeuse caravane de dix ou douze voiturins partant les uns pour Florence, les autres pour Ancône. Les grelots et les chansons faisaient un bruit de noce ; les flots de poussière changeaient les moines en meuniers. J’avais auprès de moi, dans le cabriolet, un Français, M. V…, élève de l’école de Metz, garçon instruit, mesurant tout à son compas polytechnique, mais avec esprit et originalité. Le fond de la voiture appartenait à une vieille dame flanquée d’un gros abbé, le devant à mon Carthaginois. Chacun trahissait ses goûts dominants : M. V… s’attachait aux jolis visages des femmes ; l’Africain avait les yeux ronds à force de regarder ; il notait sur son calepin de voyage les bornes, ponts et chaussées, et assassinait son voisin à force de questions. La vieille dame et son abbé parlaient d’argent, de fortune, de tel marquis ou