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enfants blonds, et le tamtam résonne dans la forêt d’Irminsul. Mlle Olivier a fait des progrès extraordinaires en vocalisation ; elle manie fort habilement le trille et la cadence, aux dépens des muscles du visage, qui paraissent fâchés de l’exercice violent de son gosier. Comme le public débonnaire l’applaudissait à outrance, et que j’avais l’honneur d’être son compatriote, il ne m’appartenait pas de faire le difficile. Don Asdrubal, à qui je demandais un soir ce qu’il lui semblait de la prima donna française, me répondit, en rabaissant les coins de sa bouche par une contraction tout à fait carthaginoise :

Eh ! ha una vocetta.

En songeant aux larynx puissants et sonores de la Sicile , je fus obligé d’avouer que pour lui la voix de la signera méritait le nom de vocette.

Au bout d’un mois de séjour à Rome, j’avais pris les habitudes italiennes. Je dormais dans la journée ; on m’apportait du café à la glace. Je dînais le soir sous les arbres de Lepri. La