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après un long pourpaler dans lequel il tâcha de prouver qu’il était bien un homme de chair et d’os. Les bons muletiers s’empressèrent alors d’allumer du feu, firent sécher les habits du signor français, lui donnèrent pour lit une auge garnie de filasse, lui souhaitèrent une bonne nuit, et se rendormirent. À peine l’écurie fut-elle retombée dans l’obscurité, que les insectes accoururent par escadrons. Des rats se joignirent à eux. Un coq, grimpé sur le pied de l’auge, célébrait par ses chants la marche des heures. Deux pourceaux et une chienne suivie de ses petits voulaient absolument dévorer la provision de bouche enfermée dans le sac de nuit dont M… s’était fait un oreiller. La nuit entière se passa en combats contre toutes sortes d’ennemis. Le soleil parut enfin. M… dit adieu aux muletiers, et, comme il ne croyait pas les revoir sur cette terre, il leur promit de les remercier encore de leur hospitalité dans le paradis, ce qui étonna beaucoup ces braves gens à qui on avait assuré que les Français suivaient la religion musulmane.