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cieux ; deux ; mais mon baïoc n’eut pas l’avantage de lui plaire, car il me jeta un regard de travers avec des yeux jaunes comme des topazes.

— Est-ce que tu n’es pas content ? lui demanda le peintre.

Basta per lei, dit le mendiant, ma per un ricco forestiere è poco.

L’avidité plaisante des Napolitains m’avait habitué à ce « c’est trop peu, » qu’on ne saurait jamais éviter, quand on donnerait une piastre au lieu d’un sou ; je me mis à faire les gestes burlesques des mendiants de Naples, et je répondis au pifferaro que j’étais un poveretto trop mal pourvu de danaro pour lui faire un regalio digne d’un gentilhonnue si bien armé. Le drôle, voyant que je me moquais des superstitions et que je connaissais le pays des vrais et savants mendiants, me jeta un regard plus jaune que le premier et reprit sa marche paisible en soufflant dans son fifre.

— Vous aurez du bonheur, me dit le jeune peintre, s’il ne vous arrive rien de fâcheux aujourd’hui.