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Transtevérins, dédaigneraient de fréquenter les ateliers de peinture. Sur la rive droite du Tibre on prétend n’avoir jamais mêlé son sang à celui des Barbares. Si on n’y a pas hérité de toutes les vertus antiques, on a du moins conservé la fierté. La gaieté, la grâce, la politesse sont apparemment des inventions modernes abandonnées à la rive gauche. On n’entend que des paroles sèches et des malédictions : « Accidente per te ! per la tua familia ! guaï à te ! » Les mères battent leurs enfants, qui au lieu de pleurer tâchent de leur rendre les coups. Les vengeances vont grand train. On se menace d’un pouce de lame dans le corps ou de la lame entière, selon la gravité de l’offense, et on tient parole. L’étranger fera prudemment de se considérer comme barbare et de rester sur la rive gauche.

Je m’imaginais connaître les grandes chaleurs pour avoir été un peu hâlé par le printemps de la Sicile et le voyage de Naples ; mais vers la fin de juin je me vis obligé de convenir que, sous ce rapport, l’Italie ne s’était