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voyant plus où il posait pied, M… s’enveloppa de son manteau et monta sur le mulet avec le petit guide en croupe. Bien lui prit de s’être confié à l’instinct de sa monture, car, sur un pont en réparation, le mulet s’arrêta court au moment de tomber dans le torrent. Un pas de plus, et ils disparaissaient tous trois. Le petit guide, qui n’était pas venu depuis longtemps à Syracuse, reconnut, en se traînant sur ses genoux, que le pont était rompu, et il se mit à pleurer en poussant des cris lamentables. M…, percé jusqu’aux os par la pluie et tremblant de froid, ne songea plus qu’à chercher un asile. Vers minuit, ayant perdu son chemin, il voulait sérieusement éventrer son mulet avec un couteau pour se réchauffer dans le sang de ce malheureux serviteur, lorsqu’il aperçut à deux pas de lui quelque chose de semblable à un bâtiment. Le hasard l’avait conduit à une écurie appelée le Fondaco della Palma, et qui sert de refuge aux muletiers pendant la mauvaise saison. M… frappa contre la porte à coups redoublés. On lui ouvrit