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devient tous les jours plus confus. Mais il reste encore le tombeau de Jules II et le groupe de la Pietà, qui heureusement sont en marbre. Pourvu qu’il n’arrive pas d’accident à la statue de Moïse, bon Dieu ! Il ne manquerait plus que cela. Pourvu qu’un Anglais ne s’avise pas d’en casser un échantillon pour l’emporter à Londres et le mettre dans son secrétaire, à côté de ses notes de voyage et du mémoire de son tailleur ! Ce que les aimables touristes d’Albion ont ainsi dégradé en Italie est incalculable. Le Moïse est, selon moi, le morceau capital de Michel-Ange. A ceux qui, par amour de l’antique, professent le culte seul de la forme, on pourra toujours citer victorieusemens le Moïse comme le triomphe de l’art philosophique, en l’appuyant du mot sublime de l’auteur à son ouvrage ; « Adesso puoi parlare. » Il y a de quoi s’inquiéter lorsqu’on pense que cette statue est à portée du bras, sans une grille qui la défende, que les curieux mettent sans cesse leurs mains imbéciles sur le genou de marbre du législateur, et qu’aucune sur-