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inconnues jusqu’alors, vous font peu à peu une vie nouvelle, et vous ne pouvez prévoir à quel point ce monde nouveau vous captivera. Vous sentirez en vous deux hommes : celui de Rome et celui qui a vécu partout ailleurs. Cette impression s’augmentera de jour en jour, par le seul avantage du présent sur le passé. Défiez-vous de cette vénérable capitale. Ce n’est pas, comme Palerme, une odalisque voluptueuse qui vous enivre et s’empare de vos sens ; ni, comme Naples, une coquette séduisante, tour à tour gaie, langoureuse ou babillarde. C’est une beauté sur le retour, qui ne vous trouble pas, vous élève l’esprit, parle sans cesse à votre imagination, et vous fait insensiblement un besoin de sa compagnie, habitude impérieuse à laquelle vous ne pouvez plus vous soustraire. Quand on se prend de passion pour ces beautés-là, il n’y a plus de raison pour que le feu s’éteigne jamais. J’ai vu à Rome un Anglais, parti de Londres à l’âge de vingt ans avec l’intention de consacrer six mois au voyage obligé en Italie. Il a maintenant soixante ans, et il