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gardez Nicolas Poussin qui lit le journal ; voici là-bas Velasquez qui s’avance ; Guido Reni allume son cigare au vôtre. Ces rencontres vous flattent, et d’ailleurs cette variété dans les toilettes anime singulièrement les cafés et les promenades.

Un mouvement considérable règne de la porte du Peuple à l’extrémité du Corso, sur la place d’Espagne et dans la rue des Condotti ; mais si vous parcourez les quartiers lointains, vous tombez dans de véritables déserts, des séries de ruines , des ronces, des arbustes poussés au milieu des murailles écroulées, des ruelles silencieuses où le bruit de vos pas éveille en vous un sentiment profond de solitude et de mélancolie. Cela n’a rien d’étonnant si on songe à la disproportion qui existe entre l’étendue de la ville et le nombre de ses habitants. Pendant les premiers jours, vous aurez de la peine à surmonter votre tristesse ; mais pour de l’ennui, vous n’en éprouverez pas. Bientôt un certain charme répandu sur ces grands débris, un ordre entier de sensations