Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 83 —

mes d’une éruption qui ne viendra que l’année prochaine. Le quai de Sainte-Lucie est le rendez-vous d’une brillante population de pêcheurs, de barcaroles, de marchands d’huîtres et de promeneurs en bateau, tous gens gais, vivaces et musiciens. La nuit, on chante, soit en plein air, soit chez les limonadiers. Le dimanche, on danse au simple bruit d’un tambour de basque ; pas un son ne vous vient aux oreilles sans vous envoyer de la bonne humeur et de l’entrain. Le spleen le plus britannique trouvera du répit à Sainte-Lucie ; la plus lourde provision d’ennui, de tristesse ou d’inquiétude qu’on puisse apporter du Nord s’envolera dans les airs devant cette baie de Naples où Tibère lui-même, tout chargé de crimes, sentit son vieux cœur se réchauffer.

Honnête lecteur qui n’êtes ni usé ni méchant comme Tibère, allez à Naples ; mais logez-vous à Sainte-Lucie. C’est là qu’on est heureux. Ayant appris par expérience que les descriptions ne servent à rien, je ne chercherai point à vous décrire la nature méridio-