Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 82 —

pents de feu qui courent sur les murs et le plafond de votre chambre. Le Vésuve semble inventer mille coquetteries pour vous retenir au balcon. Il change de couleurs selon la position du soleil, et passe en un jour par toutes les nuances de la gamme des tons ; tantôt cachant sa tête dans une perruque de nuages, tantôt montrant les contours de son sommet avec précision. Sa fumée prend aussi des formes fantastiques ; le plus ordinairement blanche et penchée comme une plume de marabout, quelquefois droite et noire comme un arbre gigantesque planté dans le milieu du cratère. Souvent, par une connivence évidente avec les aubergistes de Naples, le Vésuve promet des éruptions qu’il ne donne pas. Il rend des lueurs rouges pendant la nuit, comme un lampion près de s’éteindre, et fait entendre aux habitants de Portici des détonations sourdes qui retiennent indéfiniment l’étranger prêt à s’embarquer. À chaque instant, on est dupe de ces manèges peu délicats, et on saute hors du lit, croyant voir les premiers symptô-