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du soleil couchant. Un zéphyr tiède venait des côtes d’Espagne. Les jardiniers versaient sur les plates-bandes les gerbes de pluie des arrosoirs. Les feuilles des arbres produisaient ce murmure charmant que le mois de janvier n’a jamais entendu en France. Tout à coup j’aperçus devant moi un palmier.

— Vous êtes distrait ? me dit le marquis.

— Je l’avoue, répondis-je ; j’oublie le pauvre Piola pour les trésors dont la nature a comblé votre jardin. Après les voyages, ce que j’aime le plus au monde, c’est la campagne. Souvent à Paris, pendant les rigueurs de nos terribles hivers, je rêvais en découvrant un peu de mousse verte sur la bûche que j’allais jeter au feu. Il m’en coûtait de la brûler, et je reconstruisais dans ma tête l’arbre dont elle sortait et la forêt entière. Jugez de ce que je dois éprouver ici. Je songe dans ce moment à passer mon bras autour de ce palmier, et je grille de cueillir des oranges sur l’arbre.

— Ne vous en faites pas faute ; prenez mon