Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 53 —

rait examiné leur affaire. L’indignation des bonnes gens, qui aimaient Pellegrino et ses ouvrages, menaça un moment d’arracher violemment les meurtriers de leur retraite ; mais cette morale honteuse qui faisait pardonner tant d’autres crimes fit aussi fermer les yeux sur celui-ci. On se servait beaucoup d’un grand argument par lequel les lois deviennent inutiles : « En punissant le coupable, disait-on, vous aurez deux victimes au lieu d’une. » Les amis des Carlone ajoutèrent encore cette autre considération : « Gênes se glorifiait de posséder trois peintres excellents ; si vous tuez les deux derniers, elle n’en aura plus du tout. » Il arriva pourtant qu’un grand seigneur, ayant commandé des tableaux à Piola, entra en fureur lorsqu’il apprit la mort tragique de son protégé. Il cria vengeance plutôt par dépit que par amour de la justice, et la chose n’en était que plus menaçante pour les Carlone. Une autre combinaison d’intérêts les sauva de la potence. L’église de San-Siro, jalouse des embellissements de