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peignaient la coupole. Suivant la mode de ce temps, les deux frères étaient de grands raisonneurs, de grands inventeurs de doctrines, et aussi des batailleurs et des mauvais sujets. Piola, au contraire, évitait les discussions, les querelles, et vivait sagement, toujours amoureux, mais à son chevalet dès le point du jour, tandis que les Carlone, employant les nuits en débauches, ne se mettaient souvent à l’ouvrage qu’au milieu de la journée.

Pendant une nuit de carnaval, Pellegrino fut éveillé par une musique joyeuse qui passait dans la rue des Orfèvres. Il s’entendit appeler et ouvrit sa fenêtre. Une bande de masques se dirigeait vers la place Fontane-Amorose, et l’un d’eux s’était arrêté devant la maison du peintre. Piola reconnut Giovanni Carlone, déguisé en diable, la guitare sur le dos, tenant une torche dans sa main.

— Holà ! maître Pellegrino, cria le masque, veux-tu donc te faire moine, que tu jeûnes en carnaval ? Par Bacchus ! si tu ne descends, nous t’assiégerons tout à l’heure jusque dans