Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 36 —

bon marché d’un enfant de douze ans, se permit des plaisanteries offensantes. Il perdit la première partie et plaisanta plus amèrement ; il perdit la seconde et se fâcha tout à fait. Enfin, lorsqu’il eut perdu la troisième partie, l’ambassadeur furieux donna un soufflet au vainqueur. L’enfant se leva gravement et dit au pacha :

— Puisque je suis d’âge à faire votre partie, vous aurez la bonté de faire aussi la mienne, et demain nous nous battrons.

L’assemblée se mit à rire ; mais le petit Lercaro insistait, et le doge fut obligé de lui imposer silence. Au bout de six ans, le jeune patricien, maître de ses actions et d’une immense fortune, arma quarante galères et vint établir une croisière dans la mer Noire en face de Trébisonde. Tous les navires qui passèrent furent arrêtés et coulés à fond ; le pacha recevait à la fin de chaque semaine un tonneau plein des oreilles coupées de ses sujets. Le commerce maritime de Trébisonde et de Constantinople jeta les hauts cris. On envoya contre ces cor-