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ginalité ; mais tel que se montre encore ce palais étrange, avec la cagna de l’escalier, les bouledogues de l’antichambre, les toiles d’araignée qui vont du nez de Loth à celui de Judith, et le tableau couvert de blanc d’Espagne, il présente un ensemble imposant de bizarreries sur lequel je serais prêt à témoigner que les anciens D*** n’ont point dégénéré.

Le palais Lercaro est d’un aspect plus agréable ; son histoire contient une anecdote curieuse et une figure passionnée d’un genre qui mérite attention. Les Lercari étaient de père en fils des hommes terribles, des cœurs de fer, mais pleins de noblesse. L’un d’eux, encore enfant, se mit à étudier le jeu des échecs et y devint d’une force extraordinaire. Le pacha de Trébisonde , qui se trouvait alors à Gênes pour régler un différend entre la Porte ottomane et la république, jouait bien aux échecs. Un soir, chez le doge, on cherchait un adversaire digne de lui, et le petit Lercaro se présenta. Le pacha, s’imaginant qu’il aurait