Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 33 —

anciens D***. C’étaient des Caravage, des Salvator Rosa, des Espagnolet, abandonnés aux araignées et à la poussière. Tous représentaient des sujets sinistres. L’odieux épisode de Loth enivré par ses filles s’y trouvait deux fois, traité par Caravage et par Ghérard de la Nuit. Une énorme Judith me présentait la tête d’Holopherne avec un cynisme barbare ; et quant aux paysages, ils étaient enjolivés par des haltes de brigands, des scènes de guet-apens ou des incendies. Les artistes de la décadence ont beaucoup aimé à se délasser des sujets pieux par ceux de Loth, de Susanne au bain, de David amoureux. C’étaient les seuls tableaux de la galerie D*** qui eussent quelque prétention à la grâce. Je remarquai bien au milieu de ces noirceurs une charmante vierge de Pellegrino Piola ; mais par une singulière coïncidence d’idées, la mort du peintre Piola est une lugubre aventure des rues de Gênes. Quelle fut ma surprise en apercevant un tableau couvert de blanc d Espagne dont on ne voyait que le cadre !